Mon père ne vit plus chez nous, et c’est sans doute la chose la plus douloureuse que je puisse écrire aujourd’hui. Il est parti pour des raisons obscures, laissant une famille entière triste et abandonnée, une mère déchirée. Depuis toute petite les gens voyaient ma famille comme "parfaite", éclatante, unie, soudée, mes parents comme des personnes géniales, et c’est peut-être inconsciemment que j’ai développé une aussi grande fierté en eux. Et un jour, j’avais l’impression que tout avait disparu. Mon père, avec qui j’entretenais une relation fusionelle, n’était plus là, et c’est un fait. Mais la souffrance dans laquelle nous étions en était un autre.
Je n’avais jamais vu ma mère dans un état aussi lamentable, et pourtant je la comprenais. Les cris, les crises de larmes, les actes violents et les paroles démesurées s’enchaînaient, et tout cela se retournait contre nous, les enfants. Nous qui n’avions rien fait. Moi, j’avais peur. Constamment. J’avais peur qu’il lui arrive quelque chose. Je me souviens d’une nuit (il y en avait plusieurs, en réalité) où elle a tenté de se tuer, et que j’ai veillé devant sa porte toute la nuit, la veille d’un examen, juste parce que j’avais peur. J’étais terrifiée à l’idée qu’elle s’abandonne. Qu’elle nous abandonne. Ces actes étaient très souvent liés à des crises d’angoisse et une envie de nous avoir près d’elle, donc pas forcément très sérieux, mais ça ne change rien au fait que voir sa mère se décomposer devant soi, c’est pétrifiant.
Je me sentais incapable de faire quoi que ce soit puisque j’avais beaucoup de rancoeur contre mon père et que dès qu’on m’en parlait je me fermais et je m’énervais.
Un jour j’ai rencontré Antoine, un peu par hasard, et dans mon cerveau de petite fille j’ai juste totalement vu une lumière en lui. J’avais l’impression que mon coeur s’envolait. Que j’allais mieux. J’avais déjà aimé quelqu’un avant lui, mais en revanche, je n’avais jamais ressenti quelqu’un qui me portait autant d’affection. J’ai bêtement conclu que la seule manière d’être heureuse c’était d’avoir quelqu’un qu’on aime et qui nous aime en retour. Tout était chouette, en fait. Il semblait « parfait pour moi », j’aimais tellement de choses en lui.
Un soir début décembre, j’ai reçu un message : « Mahammad est mort ». Mahammad, c’était un de mes meilleurs amis de l’époque. Un garçon juste incroyable, à qui je parlais tous les jours. Un garçon merveilleux, talentueux, que je n’avais jamais vu de ma vie, mais que j’aimais plus que tout. Ce qui était fou, c’est que quand je tentais de l’expliquer à des amis, ils étaient peinés, et quand je leur expliquais que je ne l’avais jamais rencontré puisqu’on connaissait d’un forum et qu’il n’était même pas français, ils ont tous étouffé la même réaction : « Ah bon… » Sérieusement ? En fait, les relations virtuelles, il faudrait en parler ouvertement un jour. Certes, les gens peuvent se passer pour n’importe qui sur internet, il y a des fous, il y a des « trolls », mais ce que les gens ne réalisent pas, c’est qu’il y a des êtres humains, avec peut-être des vies aussi folles que la notre. Des êtres humains qui ont un coeur, du talent, de la vie. J’ai donc tenté d’enfouir cette douleur et mon impuissance dans du silence.
Puis j’ai commencé à perdre quelques très bons amis, cela me rendait très malheureuse, mais qu’importe ? Antoine était là et me réconfortait, et vous connaissez cette bulle non ? Cette bulle parfois inévitable de l’amour qui fait que sur Terre il n’y a « que vous deux ». Je me disais que je pourrais masquer cette tristesse par le bonheur provoqué par quelque chose d’autre.
Et un autre jour pouf nous n’étions plus ensemble, et cette séparation tellement cruelle et minable m’a juste montré que, eh oui, en fait, Rama, tu es malheureuse. Tu es profondément triste et pour l’instant rien ne va.
Je crois que je n’ai jamais autant pleuré de ma vie. Je crois que je n’ai jamais autant pleuré, mais je crois aussi qu’on ne m’a jamais autant interdit de ressentir ce que je ressens. Quand j’ai annoncé à ma mère en pleurant, trois jours après, qu’Antoine et moi nous n’étions plus ensemble, je me souviens si bien de sa réaction. Elle m’a crié dessus parce que je pleurais et parce que je me devais d’être le petit soleil de la famille, la fille qui rit tout le temps et qui réconforte toujours les autres. Puis elle s’est mise à pleurer mon père, et j’ai simplement eu à me calmer pour la réconforter, elle.
Je ne suis pas très proche de mes frères (ma soeur ne vivant plus chez nous) et je n’ai pas dit grand chose. Le fait que ça se passe dans ces conditions me rendait profondément honteuse (trois mois et demi de relations, c’est tellement peu) et je me contentais de rire avec eux et de faire l’imbécile comme je savais si bien le faire. Mais je crois que pendant un bon mois, j’ai passé toutes mes nuits à pleurer.
Au conservatoire, je pouvais un peu me lâcher, et c’est justement là que j’ai rencontré de bons amis, qui ont pu écouter ma tristesse et me conseiller. Mais rien n’y a fait, je me suis totalement laissée tomber.
L’image reconstruite de moi-même que ma relation amoureuse avait provoqué était totalement fausse et insensée. Elle s’écroulait. Vous savez, les « mais non, tu es une fille forte, tu es jolie, tu es douée, tu es talentueuse » ça ne fait rien, en tout cas chez moi. Je n’avais plus du tout confiance en moi, en qui j’étais, en ce que je pouvais faire. Je ne travaillais plus. Je dormais très peu. Je ne créais rien. Je pleurais bêtement, collée contre mon oreiller si doux, pas trop fort pour que personne ne m’entende, pour qu'aucun membre de ma famille ne ressente ma faiblesse, sinon tout s'écroulait.
Un jour alors que mère explosait littéralement à la maison, j’ai éclaté en sanglots et je suis sortie de chez moi à minuit et quelques. Mon grand-frère aîné a insisté pour m’accompagner, alors nous avons marché dans un petit parc. La lumière du lampadaire n’éclairait que l’aire de jeux, une lumière froide mais vivante. Je lui ai expliqué tout ce que j’avais, tout ce qui n’allait pas. Il a tout fait pour m’expliquer d’avoir du recul sue cette situation. Un silence a suivi, et je lui ai dit que je ne pensais pas être assez forte pour cela. Dans un ton tout à fait normal et convaincu, il m’a répondu : « Mais bien sûr que si, tu peux ». J’ai alors réalisé que mes frères et soeurs étaient des gens comme moi, qui comprenaient très bien ce que je pouvais ressentir et qui eux-mêmes avaient intérieurement vécu des choses aussi (voire bien plus) complexes que moi. Après cela, nous avons joué comme des enfants, et nous sommes rentrés : rien n’avait changé, mais nous avions échappé à la réalité, le temps de quelques heures.
Quand j’ai commencé à comprendre que ma tristesse ne venait pas de ma séparation mais de moi-même et de tout ce qui n’allait pas dans ma vie, j’ai tenté de chercher des issues de secours. Voir des films, lire des livres, sortir, dessiner, photographier. Il m’était impossible de faire de la musique sans pleurer. Marie, que j’avais pu prendre plusieurs fois en photo, m’a dit que je devais me concentrer sur des projets et sans cesse stimuler mon esprit. J’ai gardé ses conseils dans un coin de mon esprit.
Un jour il a fait très beau, et ça allait déjà un peu mieux. Mon père n’était toujours pas revenu, Antoine non plus, mes amis non plus, mais ça allait, en fait. J’ai commencé à me bouger, et à me rendre compte que si je ne faisais rien, j’allai simplement mourir jeune. J’ai essayé de créer des choses, parce que je crois que créer nous permet de nous sentir vivants. J’avais toujours le moral fragile, mais ça se stabilisait.
J’ai rencontré un garçon adorable, qui m’a raconté un peu de sa vie et à qui j’ai raconté un peu de la mienne. Plus les jours passaient, plus il semblait incroyable. Je me suis vraiment totalement intéressée à lui. Mais comme on s’intéresse à un être humain, je crois. Je n’avais pas du tout envie de sortir avec lui, mais juste de lui parler, de l’écouter, parce qu’il m’intéressait beaucoup et que cela avait l’air réciproque. Je me suis alors dit que finalement, je pouvais « intéresser » quelqu’un. Que dans ma tête il n’y avait pas que du vent.
Je me suis avoué que j’étais jalouse d’Antoine, mais aussi qu’il me manquait en tant qu’être humain. Je me rendais compte que j’apportais trop, beaucoup trop d’importance à chaque être humain qui croisait ma route, et encore plus à ceux pour qui j’éprouvais de l’admiration. Car je l’admirais énormément, et très sincèrement, bien avant de l’aimer. En fait, j’aurais aussi voulu qu’on ne m’oublie pas. J’aurais aimé représenter quelque chose pour quelqu’un. Et puis, ces pensées, c’est toujours un peu n’importe quoi parce que ça vous refait flancher. Alors je flanchais. Et je me sentais seule. Et j’avais besoin d’aide. Et j’avais besoin de quelqu’un pour me dire : « Ça va aller. » Et puis, j’ai perdu une amie extrêmement chère à mes yeux, et ça n’allait plus.
Mon voyage au Japon était spectaculaire. La première fois que je voyageais seule. Le monde est incroyablement grand, et les gens incroyablement bons. C’est de là qu’est venue mon envie de voyager, de vivre, de rencontrer des gens et de les aimer.
À mon retour, le garçon que j’avais rencontré m’a profondément déçue et pourtant ça ne m’a fait plus de mal que de ça. J’ai dit à Marion pour rire « C’est marrant, ça ne m’atteint plus, c’est peut-être l’effet Antoine ? » et elle m’a répondu : « Non, je crois que c’est juste toi ». Mais cela m’a un peu fait réfléchir sur les relations amoureuses.
Le fait que j’aime les gens profondément et que je leur accorde autant d’amour et de temps est, pour l’instant, un réel problème, puisque je sors très souvent déçue des rencontre que je fais. Les liens. Les liens crées entre êtres humains. Est-ce qu’il n’y a que moi que ça excite ? Est-ce que je suis encore la seule fille au monde à penser qu’il y a encore une place pour l’amitié ou l’amour pur et sincère dans ce monde ?
Je suis une jeune fille romantique et c’est indéniable : j’aime les fleurs, l’aquarelle, j’aime les surprises, j’aime les petites attentions, j’aime les promesses, j’aime la sincérité j’aime les sourires, et parfois j’écoute de la musique très tard et je me mets penser que quelque part sur cette Terre, quelqu’un soupire, quelqu’un me cherche et m’attend, qui ressent les choses exactement comme moi. Et je pense être en droit, droit que détient chaque être humain sur cette planète, de dire que je mérite ce genre de personnes. J’entends par là des personnes sincères et vraies.
Parfois lorsque je revenais des cours je regardais ma mère monter les escaliers : elle a horriblement maigri. Mais son corps ne fait que transcrire de la souffrance. Je voyais ce petit corps faible et en mauvaise santé monter les escaliers, et j’avais terriblement mal. Papa, où es-tu ? Qu’as-tu fait ? Est-ce que tu es heureux ? Tu me manques, tu sais, même si je ne veux plus y penser, parce que j’ai trop mal.
Ma mère a trop souffert. Un jour elle a pleuré, et elle a dit à mon père qu’il ne se rendait pas compte du mal qu’il pouvait générer et du rêve d’enfant de se marier, d’avoir une famille unie qu’il avait brisé. J’ai senti mon coeur exploser quand elle a prononcé ses paroles, qui resteront à jamais, je crois, gravée en moi. C’est vrai. Ma maman, elle a été jeune comme moi. Moi qui rêve d’avoir une famille, des enfants, une belle vie. Son rêve a été foudroyé, comme ça, pour rien. Mais je sais que si j’ai des enfants un jour, je ne voudrais jamais leur faire vivre ce que mes parents me font vivre. C’est tellement douloureux.
J’ai commencé à me faire quelques amis à partir d’octobre, des gens que je voyais souvent mais à qui je ne parlais que très peu. Et puis j’en perdais d’autre, et ma situation familiale empirait. Je suis allée voir Marie-Anais, un jour, une amie du forum. On a bu un thé, on a ri et puis je lui ai raconté tous les gens que je perdais. J’ai soupiré puis je lui ai dit : « Je me demande si j’ai un gros problème… » Elle a ri, d’un rire innocent qui semblait vouloir signifier tant de choses.
Un soir j’ai réfléchi, et je me suis dit que je voulais vraiment partir de chez moi. J’ai pensé au Japon, et mon frère m’a dit « Et pourquoi pas le Canada ? »
Je ne peux décrire la sensation intense de bonheur et d’excitation qui est montée en moi. Moi, partir ? Avoir un appartement ? Travailler pour revenir s’y blottir ? Être indépendante ? Avoir une nouvelle vie ? Ça sonnait tellement beau. Bien trop beau. J’imaginais déjà comment allait être mon chez-moi. Quelque chose de paisible, doux, un lieu de paix. Et je pourrais travailler à mi-temps pour me payer mon logement. Non. Tout était trop beau. J’ai eu l’habitude de ne rien faire par moi-même, on m’a toujours poussée pour faire certaines choses et aller dans certains endroits, que j’ai réalisé à quel point
Quand j’ai exposé, pleine d’euphorie, tous ces projets à mon frère aîné, il m’a dit : « Et maman, tu vas la laisser toute seule ? Il ne faut pas que tu partes, Rama. »
Tout s’est écroulé
Il s’est pourtant repris deux secondes après pour dire qu’il n’avait pas vraiment le droit de me dire ça, mais c’est exactement ce que je craignais. Et Maman ? Une énorme partie de moi-même ne pouvait pas la laisser seule. L’autre voulait absolument s’en aller.
J’ai donc stoppé toute démarche et je ne faisais plus rien, jusqu’à ce qu’on me dise : « Qu’est-ce que tu vas faire de ta vie ? » et que je tente de me bouger. Je me suis inscrite, et cette perspective de partir enfin me rendait finalement folle de joie.
À partir de janvier, j’ai multiplié par dix mon rythme de travail et ma concentration. Plus personne, plus le temps de penser à ma famille, plus le temps de penser aux amis qui manquaient, je ne voyais plus qu’une seule chose : Le Canada. J’ai travaillé comme une folle, vraiment, mais à certains moments j’ai peiné.
Un jour, j’ai fait un craquage assez intense en plein cours, et à la fin, mon professeur est venu me voir et m’a dit : « Le directeur m’a informé de tes problèmes. J’espère que ça va aller ».
J’avais presque oublié mes problèmes, tiens. J’avais presque oublié que j’avais du les confier au directeur pour lui expliquer certains retards de paiement. J’avais oublié que j’avais mis tout ça de côté. Je suis entrée dans la cafétéria, j’ai commencé à manger, et devant tout le monde j’ai éclaté en sanglots. Je n’étais pas triste. J’étais totalement désespérée. Je ne pouvais tellement pas m’arrêter de pleurer que j’ai du sortir.
En fait, personne n’est venu me voir. Pas une personne ne s’est levé e de sa chaise et m’a demandé comment j’allais. Personne ne s'est inquiété. Et pendant une heure, je suis restée toute seule, à finir mon déjeuner. Je ne leur en veux vraiment pas. Mais mon Dieu, qu’est-ce que ça fait mal de se sentir seule. Sans véritables amis, qui te supportent lorsque tu vas bien et lorsque tu vas mal. Quand je suis revenue, personne ne m’a rien dit. Les choses paraissaient normales. À cet instant j’ai compris que je devais me battre seule, car je l’étais. Mais pourtant j'ai continué à donner de l'amour aux gens que j'écoutais, alors pourquoi est-ce qu'ils ne pouvaient pas faire pareil ?
En fait, pour ces personnes, je n'existe pas tant qu'on ne me voit pas. Pourtant, moi, j'aimerais bien exister. J'aimerais bien qu'on vienne me voir et qu'on demande comment je vais. J'aimerais bien qu'on tente de m'aider comme j'essaye de le faire avec d'autres personnes. Je me suis un peu éloigné des gens, et quand ça allait mieux, une fille m'a dit : "Rama, t'as l'air d'aller mieux, c'est chouette !"
Mais où étiez-vous lorsque j'allais mal ?
J’ai perdu tous mes amis les plus proches. Si je pleure et que je suis seule, je ne devrais m’en prendre qu’à moi-même, non ? J’ai aussi réalisé l’importance de l’amitié au delà de toute chose. J’avais terriblement besoin de présence. De bras. De baisers. D’empathie. Mais je n’avais pas toute cette présence physique que les gens se plaisaient à démontrer publiquement devant moi. « Sois forte », je me répétais.
Je serais ingrate de ne pas citer Marion, Cindy, Arnaud, Victor, Ariane, Axelle, Johann à qui j’en ai plus ou moins parlé et qui étaient présents. En fait, grâce à eux, j’ai changé de mentalité. Au lieu de regarder ce que j’avais perdu, je me suis plutôt concentré sur ce que j’avais. Et j’ai continué.
Je ne pleurais plus. Je m’interdisais toute forme de faiblesse et pour certaines personnes mon comportement était anormal. Mais j’avançais en voyant simplement cette date : 22/03/15, jour de mon concours, jour où tout allait enfin se terminer.
C’est bon de vivre chaque jour et de se dire que tout ira bien un jour. C’est d’ailleurs ce que mon père me répétait.
Parfois je rigolais toute seule de ma situation. Je me disais que ma vie était un peu compliquée, pour rien, et que des tas de gens avaient vécu bien pire que moi. Que ma situation ne méritait pas tant de chagrin. Et puis pour être honnête je ne sais pas si je peux réfléchir ainsi. Je crois qu'on est légitime d'être triste pour quelque chose qui nous rend triste et c'est tout. À ces moments-là, je me le disais à moi-même : "Tu es forte, c'est surprenant. Continue comme ça, car ce que tu as vécu n'est rien comparé à ce qui t'attend."
Et nous y sommes, j’ai réussi, je l’ai fait, j’ai donné toute mon énergie et je suis prise à l’Université de Montréal. Je n’y crois pas trop encore, mais j’ai cette impression que tout est fini. Que tout commence, quelque part. Que je vais enfin pouvoir rencontrer de nouvelles personnes, me reconstruire, créer, partir à l’aventure, aimer et être aimée à nouveau. Je me sens si fière de moi, en fait je ne l’ai jamais été. Mais j’ai enfin réussi à faire quelque chose de moi-même.
Ô toi qui m’attend secrètement, ô vous mes amis que je vais bientôt rencontrer, ô ma vie qui se transforme encore une fois ; vous êtes plus beaux que tout ce que je n’ai jamais écrit.