THE END


Quelque chose est mort en moi, c’est ce que je ressens depuis quelques semaines. Je me sens vide, vidée, épuisée. J’ai donc pris quelques fleurs, une combinaison noire printanière, une capeline (merci Fanny!) et j’ai pris Margot en photo. Je suis heureuse de regarder ses photos. J’ai envie de faire plus. De voyager, de rencontrer du monde. De sentir, ressentir à nouveau.

J’annonce donc la fermeture officielle de ce blog. Je sais, j’en crée tout le temps pour en fermer tout le temps. Mais, grâce à ce départ au Canada, et l’été qui arrive, je vais créer quelque chose de vraiment, vraiment nouveau. J’ai réalisé que la vidéo était regroupait tout ce que j’aimais et travaillait vraiment sur ce concept d’art total que j’aime tant. Je vais me créer une chaîne Youtube, je vais vous partager des choses, des conseils, des avis, des lectures, des recettes, de la musique, de la photo, des gens, beaucoup de gens, des voyages, de la vie, de l’amour et de la lumière ; bref, tout ce qui compose ma vie. N’hésitez pas à me dire si ça vous intéresserait de voir ce genre de vidéos. Vos retours me touchent énormément.

Cette chaîne (et donc, mon futur blog) aura quelque chose d’un peu moins personnel, torturé et triste que ce blog, je l’avoue, mais je vais essayer de faire un peu d’humour, des avis/impressions beaucoup plus travaillés et un travail de qualité. L’idée serait de regarder ces vidéos et de se sentir touché.

Merci infiniment pour tout votre amour.

À très très vite !

Model : Margot A.







































C'est le printemps.




J’ai tellement de choses à dire et tellement d’émotions qui se mêlent dans mon corps que je ne sais pas par où commencer, ah si, peut-être ces mots-là : Je suis donc en vie.  



Je réalise que sur ce blog je n’ai jamais parlé de moi très concrètement et j’ai toujours masqué mes états d’âmes et mon histoire par de jolies phrases, mais il m’était impossible de passer après ces quelques mois de silence sans rien faire, sans rien dire.


J’ai vécu presque deux ans de trouble émotif. Mon moral ne cessait de côtoyer des extrêmes à une vitesse hallucinante, tantôt j’étais sincèrement heureuse, tantôt entièrement triste. Je n’ai parlé qu’à très peu de gens de ce qui changeait réellement dans ma vie et en moi, sans doute parce que j’avais peur, sans doute parce que aussi un peu honte.

Mon père ne vit plus chez nous, et c’est sans doute la chose la plus douloureuse que je puisse écrire aujourd’hui. Il est parti pour des raisons obscures, laissant une famille entière triste et abandonnée, une mère déchirée. Depuis toute petite les gens voyaient ma famille comme "parfaite", éclatante, unie, soudée, mes parents comme des personnes géniales, et c’est peut-être inconsciemment que j’ai développé une aussi grande fierté en eux. Et un jour, j’avais l’impression que tout avait disparu. Mon père, avec qui j’entretenais une relation fusionelle, n’était plus là, et c’est un fait. Mais la souffrance dans laquelle nous étions en était un autre. 
Je n’avais jamais vu ma mère dans un état aussi lamentable, et pourtant je la comprenais. Les cris, les crises de larmes, les actes violents et les paroles démesurées s’enchaînaient, et tout cela se retournait contre nous, les enfants. Nous qui n’avions rien fait. Moi, j’avais peur. Constamment. J’avais peur qu’il lui arrive quelque chose. Je me souviens d’une nuit (il y en avait plusieurs, en réalité) où elle a tenté de se tuer, et que j’ai veillé devant sa porte toute la nuit, la veille d’un examen, juste parce que j’avais peur. J’étais terrifiée à l’idée qu’elle s’abandonne. Qu’elle nous abandonne. Ces actes étaient très souvent liés à des crises d’angoisse et une envie de nous avoir près d’elle, donc pas forcément très sérieux, mais ça ne change rien au fait que voir sa mère se décomposer devant soi, c’est pétrifiant. 
Je me sentais incapable de faire quoi que ce soit puisque j’avais beaucoup de rancoeur contre mon père et que dès qu’on m’en parlait je me fermais et je m’énervais. 

Un jour j’ai rencontré Antoine, un peu par hasard, et dans mon cerveau de petite fille j’ai juste totalement vu une lumière en lui. J’avais l’impression que mon coeur s’envolait. Que j’allais mieux. J’avais déjà aimé quelqu’un avant lui, mais en revanche, je n’avais jamais ressenti quelqu’un qui me portait autant d’affection. J’ai bêtement conclu que la seule manière d’être heureuse c’était d’avoir quelqu’un qu’on aime et qui nous aime en retour. Tout était chouette, en fait. Il semblait « parfait pour moi », j’aimais tellement de choses en lui.

Un soir début décembre, j’ai reçu un message : « Mahammad est mort ». Mahammad, c’était un de mes meilleurs amis de l’époque. Un garçon juste incroyable, à qui je parlais tous les jours. Un garçon merveilleux, talentueux, que je n’avais jamais vu de ma vie, mais que j’aimais plus que tout. Ce qui était fou, c’est que quand je tentais de l’expliquer à des amis, ils étaient peinés, et quand je leur expliquais que je ne l’avais jamais rencontré puisqu’on connaissait d’un forum et qu’il n’était même pas français, ils ont tous étouffé la même réaction : « Ah bon… » Sérieusement ? En fait, les relations virtuelles, il faudrait en parler ouvertement un jour. Certes, les gens peuvent se passer pour n’importe qui sur internet, il y a des fous, il y a des « trolls », mais ce que les gens ne réalisent pas, c’est qu’il y a des êtres humains, avec peut-être des vies aussi folles que la notre. Des êtres humains qui ont un coeur, du talent, de la vie. J’ai donc tenté d’enfouir cette douleur et mon impuissance dans du silence.

Puis j’ai commencé à perdre quelques très bons amis, cela me rendait très malheureuse, mais qu’importe ? Antoine était là et me réconfortait, et vous connaissez cette bulle non ? Cette bulle parfois inévitable de l’amour qui fait que sur Terre il n’y a « que vous deux ».  Je me disais que je pourrais masquer cette tristesse par le bonheur provoqué par quelque chose d’autre. 

Et un autre jour pouf nous n’étions plus ensemble, et cette séparation tellement cruelle et minable m’a juste montré que, eh oui, en fait, Rama, tu es malheureuse. Tu es profondément triste et pour l’instant rien ne va.

Je crois que je n’ai jamais autant pleuré de ma vie. Je crois que je n’ai jamais autant pleuré, mais je crois aussi qu’on ne m’a jamais autant interdit de ressentir ce que je ressens. Quand j’ai annoncé à ma mère en pleurant, trois jours après, qu’Antoine et moi nous n’étions plus ensemble, je me souviens si bien de sa réaction. Elle m’a crié dessus parce que je pleurais et parce que je me devais d’être le petit soleil de la famille, la fille qui rit tout le temps et qui réconforte toujours les autres. Puis elle s’est mise à pleurer mon père, et j’ai simplement eu à me calmer pour la réconforter, elle. 
Je ne suis pas très proche de mes frères (ma soeur ne vivant plus chez nous) et je n’ai pas dit grand chose. Le fait que ça se passe dans ces conditions me rendait profondément honteuse (trois mois et demi de relations, c’est tellement peu) et je me contentais de rire avec eux et de faire l’imbécile comme je savais si bien le faire. Mais je crois que pendant un bon mois, j’ai passé toutes mes nuits à pleurer.
Au conservatoire, je pouvais un peu me lâcher, et c’est justement là que j’ai rencontré de bons amis, qui ont pu écouter ma tristesse et me conseiller. Mais rien n’y a fait, je me suis totalement laissée tomber.

L’image reconstruite de moi-même que ma relation amoureuse avait provoqué était totalement fausse et insensée. Elle s’écroulait. Vous savez, les « mais non, tu es une fille forte, tu es jolie, tu es douée, tu es talentueuse » ça ne fait rien, en tout cas chez moi. Je n’avais plus du tout confiance en moi, en qui j’étais, en ce que je pouvais faire. Je ne travaillais plus. Je dormais très peu. Je ne créais rien. Je pleurais bêtement, collée contre mon oreiller si doux, pas trop fort pour que personne ne m’entende, pour qu'aucun membre de ma famille ne ressente ma faiblesse, sinon tout s'écroulait.

Un jour alors que mère explosait littéralement à la maison, j’ai éclaté en sanglots et je suis sortie de chez moi à minuit et quelques. Mon grand-frère aîné a insisté pour m’accompagner, alors nous avons marché dans un petit parc. La lumière du lampadaire n’éclairait que l’aire de jeux, une lumière froide mais vivante. Je lui ai expliqué tout ce que j’avais, tout ce qui n’allait pas. Il a tout fait pour m’expliquer d’avoir du recul sue cette situation. Un silence a suivi, et je lui ai dit que je ne pensais pas être assez forte pour cela. Dans un ton tout à fait normal et convaincu, il m’a répondu : « Mais bien sûr que si, tu peux ». J’ai alors réalisé que mes frères et soeurs étaient des gens comme moi, qui comprenaient très bien ce que je pouvais ressentir et qui eux-mêmes avaient intérieurement vécu des choses aussi (voire bien plus) complexes que moi. Après cela, nous avons joué comme des enfants, et nous sommes rentrés : rien n’avait changé, mais nous avions échappé à la réalité, le temps de quelques heures. 

Quand j’ai commencé à comprendre que ma tristesse ne venait pas de ma séparation mais de moi-même et de tout ce qui n’allait pas dans ma vie, j’ai tenté de chercher des issues de secours. Voir des films, lire des livres, sortir, dessiner, photographier. Il m’était impossible de faire de la musique sans pleurer. Marie, que j’avais pu prendre plusieurs fois en photo, m’a dit que je devais me concentrer sur des projets et sans cesse stimuler mon esprit. J’ai gardé ses conseils dans un coin de mon esprit.

Un jour il a fait très beau, et ça allait déjà un peu mieux. Mon père n’était toujours pas revenu, Antoine non plus, mes amis non plus, mais ça allait, en fait. J’ai commencé à me bouger, et à me rendre compte que si je ne faisais rien, j’allai simplement mourir jeune. J’ai essayé de créer des choses, parce que je crois que créer nous permet de nous sentir vivants. J’avais toujours le moral fragile, mais ça se stabilisait.

J’ai rencontré un garçon adorable, qui m’a raconté un peu de sa vie et à qui j’ai raconté un peu de la mienne. Plus les jours passaient, plus il semblait incroyable. Je me suis vraiment totalement intéressée à lui. Mais comme on s’intéresse à un être humain, je crois. Je n’avais pas du tout envie de sortir avec lui, mais juste de lui parler, de l’écouter, parce qu’il m’intéressait beaucoup et que cela avait l’air réciproque. Je me suis alors dit que finalement, je pouvais « intéresser » quelqu’un. Que dans ma tête il n’y avait pas que du vent. 

Je me suis avoué que j’étais jalouse d’Antoine, mais aussi qu’il me manquait en tant qu’être humain. Je me rendais compte que j’apportais trop, beaucoup trop d’importance à chaque être humain qui croisait ma route, et encore plus à ceux pour qui j’éprouvais de l’admiration. Car je l’admirais énormément, et très sincèrement, bien avant de l’aimer. En fait, j’aurais aussi voulu qu’on ne m’oublie pas. J’aurais aimé représenter quelque chose pour quelqu’un. Et puis, ces pensées, c’est toujours un peu n’importe quoi parce que ça vous refait flancher. Alors je flanchais. Et je me sentais seule. Et j’avais besoin d’aide. Et j’avais besoin de quelqu’un pour me dire : « Ça va aller. » Et puis, j’ai perdu une amie extrêmement chère à mes yeux, et ça n’allait plus. 

Mon voyage au Japon était spectaculaire. La première fois que je voyageais seule. Le monde est incroyablement grand, et les gens incroyablement bons. C’est de là qu’est venue mon envie de voyager, de vivre, de rencontrer des gens et de les aimer. 

À mon retour, le garçon que j’avais rencontré m’a profondément déçue et pourtant ça ne m’a fait plus de mal que de ça. J’ai dit à Marion pour rire « C’est marrant, ça ne m’atteint plus, c’est peut-être l’effet Antoine ? » et elle m’a répondu : « Non, je crois que c’est juste toi ». Mais cela m’a un peu fait réfléchir sur les relations amoureuses.

Le fait que j’aime les gens profondément et que je leur accorde autant d’amour et de temps est, pour l’instant, un réel problème, puisque je sors très souvent déçue des rencontre que je fais. Les liens. Les liens crées entre êtres humains. Est-ce qu’il n’y a que moi que ça excite ? Est-ce que je suis encore la seule fille au monde à penser qu’il y a encore une place pour l’amitié ou l’amour pur et sincère dans ce monde ? 

Je suis une jeune fille romantique et c’est indéniable : j’aime les fleurs, l’aquarelle, j’aime les surprises, j’aime les petites attentions, j’aime les promesses, j’aime la sincérité j’aime les sourires, et parfois j’écoute de la musique très tard et je me mets penser que quelque part sur cette Terre, quelqu’un soupire, quelqu’un me cherche et m’attend, qui ressent les choses exactement comme moi. Et je pense être en droit, droit que détient chaque être humain sur cette planète, de dire que je mérite ce genre de personnes. J’entends par là des personnes sincères et vraies. 

Parfois lorsque je revenais des cours je regardais ma mère monter les escaliers : elle a horriblement maigri. Mais son corps ne fait que transcrire de la souffrance. Je voyais ce petit corps faible et en mauvaise santé monter les escaliers, et j’avais terriblement mal. Papa, où es-tu ? Qu’as-tu fait ? Est-ce que tu es heureux ? Tu me manques, tu sais, même si je ne veux plus y penser, parce que j’ai trop mal. 
Ma mère a trop souffert. Un jour elle a pleuré, et elle a dit à mon père qu’il ne se rendait pas compte du mal qu’il pouvait générer et du rêve d’enfant de se marier, d’avoir une famille unie qu’il avait brisé. J’ai senti mon coeur exploser quand elle a prononcé ses paroles, qui resteront à jamais, je crois, gravée en moi. C’est vrai. Ma maman, elle a été jeune comme moi. Moi qui rêve d’avoir une famille, des enfants, une belle vie. Son rêve a été foudroyé, comme ça, pour rien. Mais je sais que si j’ai des enfants un jour, je ne voudrais jamais leur faire vivre ce que mes parents me font vivre. C’est tellement douloureux. 

J’ai commencé à me faire quelques amis à partir d’octobre, des gens que je voyais souvent mais à qui je ne parlais que très peu. Et puis j’en perdais d’autre, et ma situation familiale empirait. Je suis allée voir Marie-Anais, un jour, une amie du forum. On a bu un thé, on a ri et puis je lui ai raconté tous les gens que je perdais. J’ai soupiré puis je lui ai dit : « Je me demande si j’ai un gros problème… » Elle a ri, d’un rire innocent qui semblait vouloir signifier tant de choses.

Un soir j’ai réfléchi, et je me suis dit que je voulais vraiment partir de chez moi. J’ai pensé au Japon, et mon frère m’a dit « Et pourquoi pas le Canada ? »

Je ne peux décrire la sensation intense de bonheur et d’excitation qui est montée en moi. Moi, partir ? Avoir un appartement ? Travailler pour revenir s’y blottir ? Être indépendante ? Avoir une nouvelle vie ? Ça sonnait tellement beau. Bien trop beau. J’imaginais déjà comment allait être mon chez-moi. Quelque chose de paisible, doux, un lieu de paix. Et je pourrais travailler à mi-temps pour me payer mon logement. Non. Tout était trop beau. J’ai eu l’habitude de ne rien faire par moi-même, on m’a toujours poussée pour faire certaines choses et aller dans certains endroits, que j’ai réalisé à quel point 

Quand j’ai exposé, pleine d’euphorie, tous ces projets à mon frère aîné, il m’a dit : « Et maman, tu vas la laisser toute seule ? Il ne faut pas que tu partes, Rama. » 



Tout s’est écroulé 



Il s’est pourtant repris deux secondes après pour dire qu’il n’avait pas vraiment le droit de me dire ça, mais c’est exactement ce que je craignais. Et Maman ? Une énorme partie de moi-même ne pouvait pas la laisser seule. L’autre voulait absolument s’en aller. 

J’ai donc stoppé toute démarche et je ne faisais plus rien, jusqu’à ce qu’on me dise : « Qu’est-ce que tu vas faire de ta vie ? » et que je tente de me bouger. Je me suis inscrite, et cette perspective de partir enfin me rendait finalement folle de joie.

À partir de janvier, j’ai multiplié par dix mon rythme de travail et ma concentration. Plus personne, plus le temps de penser à ma famille, plus le temps de penser aux amis qui manquaient, je ne voyais plus qu’une seule chose : Le Canada. J’ai travaillé comme une folle, vraiment, mais à certains moments j’ai peiné. 

Un jour, j’ai fait un craquage assez intense en plein cours, et à la fin, mon professeur est venu me voir et m’a dit : « Le directeur m’a informé de tes problèmes. J’espère que ça va aller ».

J’avais presque oublié mes problèmes, tiens.  J’avais presque oublié que j’avais du les confier au directeur pour lui expliquer certains retards de paiement. J’avais oublié que j’avais mis tout ça de côté. Je suis entrée dans la cafétéria, j’ai commencé à manger, et devant tout le monde j’ai éclaté en sanglots. Je n’étais pas triste. J’étais totalement désespérée. Je ne pouvais tellement pas m’arrêter de pleurer que j’ai du sortir. 

En fait, personne n’est venu me voir. Pas une personne ne s’est levé e de sa chaise et m’a demandé comment j’allais. Personne ne s'est inquiété. Et pendant une heure, je suis restée toute seule, à finir mon déjeuner. Je ne leur en veux vraiment pas. Mais mon Dieu, qu’est-ce que ça fait mal de se sentir seule. Sans véritables amis, qui te supportent lorsque tu vas bien et lorsque tu vas mal. Quand je suis revenue, personne ne m’a rien dit. Les choses paraissaient normales. À cet instant j’ai compris que je devais me battre seule, car je l’étais. Mais pourtant j'ai continué à donner de l'amour aux gens que j'écoutais, alors pourquoi est-ce qu'ils ne pouvaient pas faire pareil ?

En fait, pour ces personnes, je n'existe pas tant qu'on ne me voit pas. Pourtant, moi, j'aimerais bien exister. J'aimerais bien qu'on vienne me voir et qu'on demande comment je vais. J'aimerais bien qu'on tente de m'aider comme j'essaye de le faire avec d'autres personnes. Je me suis un peu éloigné des gens, et quand ça allait mieux, une fille m'a dit : "Rama, t'as l'air d'aller mieux, c'est chouette !"

Mais où étiez-vous lorsque j'allais mal ?

J’ai perdu tous mes amis les plus proches. Si je pleure et que je suis seule, je ne devrais m’en prendre qu’à moi-même, non ? J’ai aussi réalisé l’importance de l’amitié au delà de toute chose. J’avais terriblement besoin de présence. De bras. De baisers. D’empathie. Mais je n’avais pas toute cette présence physique que les gens se plaisaient à démontrer publiquement devant moi. « Sois forte », je me répétais. 

Je serais ingrate de ne pas citer Marion, Cindy, Arnaud, Victor, Ariane, Axelle, Johann à qui j’en ai plus ou moins parlé et qui étaient présents. En fait, grâce à eux, j’ai changé de mentalité. Au lieu de regarder ce que j’avais perdu, je me suis plutôt concentré sur ce que j’avais. Et j’ai continué. 

Je ne pleurais plus. Je m’interdisais toute forme de faiblesse et pour certaines personnes mon comportement était anormal. Mais j’avançais en voyant simplement cette date : 22/03/15, jour de mon concours, jour où tout allait enfin se terminer.

C’est bon de vivre chaque jour et de se dire que tout ira bien un jour. C’est d’ailleurs ce que mon père me répétait. 

Parfois je rigolais toute seule de ma situation. Je me disais que ma vie était un peu compliquée, pour rien, et que des tas de gens avaient vécu bien pire que moi. Que ma situation ne méritait pas tant de chagrin. Et puis pour être honnête je ne sais pas si je peux réfléchir ainsi. Je crois qu'on est légitime d'être triste pour quelque chose qui nous rend triste et c'est tout. À ces moments-là, je me le disais à moi-même : "Tu es forte, c'est surprenant. Continue comme ça, car ce que tu as vécu n'est rien comparé à ce qui t'attend."

Et nous y sommes, j’ai réussi, je l’ai fait, j’ai donné toute mon énergie et je suis prise à l’Université de Montréal. Je n’y crois pas trop encore, mais j’ai cette impression que tout est fini. Que tout commence, quelque part. Que je vais enfin pouvoir rencontrer de nouvelles personnes, me reconstruire, créer, partir à l’aventure, aimer et être aimée à nouveau. Je me sens si fière de moi, en fait je ne l’ai jamais été. Mais j’ai enfin réussi à faire quelque chose de moi-même. 



Ô toi qui m’attend secrètement, ô vous mes amis que je vais bientôt rencontrer, ô ma vie qui se transforme encore une fois ; vous êtes plus beaux que tout ce que je n’ai jamais écrit.



Tout ira bien.

Nos vies ont changé


Il m’arrive souvent de m’allonger sur mon lit, d’éteindre les lumières, de fermer les yeux et de rêver. Mes rêves parlent de choses heureuses, de choses tristes parfois aussi. Mais surtout, de choses belles. De choses vivantes. De ce que j’aimerais devenir, et de comment j’aimerais qu’on me voit. 


Nous sommes des enfants du monde et lorsque l’on se retourne pour observer notre passé les larmes nous montent aux yeux. Nous avons enduré beaucoup de souffrance, nous avons longtemps marché, longtemps erré dans d’immenses terrains vagues, nous avons perdu nos amis, nos amours, notre famille. Nous avons crié, pleuré, ri, dansé, chanté, soufflé, caché, calmé, nous avons eu peur. Et dans des états où nous nous sentons souvent seuls, nous sommes en réalité tous liés. 


Nos vies ont changé. Maintenant nous ne penserons plus pareil. Maintenant nous ne serons plus les mêmes personnes. Si nous avons aperçu l’obscurité nous pouvons imaginer la lumière. 

« Et que devrions-nous faire, maintenant ? » Réfléchis-y. Réfléchis bien à ce que tu veux être. Réfléchis-bien à ce que tu veux devenir. Notre monde a besoin de gens comme toi, de croyants. D’espérance. De connections. Et sans ses connections nous ne pourrons jamais vivre ensemble. 

Moi, j’y crois. Un peu naïvement, sûrement, mais j'y crois.
























D'amour & de cheesecake


Oh, tendres moments. Il est si bon d’être proches des gens. J’ai invité une dizaine d’amies d’un peu partout aujourd’hui : voilà comment on fête Noël, on se fait du bon thé, on discute et on se régale de pâtisseries. J’ai passé les trois derniers jours à penser à cette journée où enfin je pourrai être moi-même, entourée de personnes qui n’ont qu’une envie : sourire. Ça réchauffe tellement le coeur, on se sent en vie. Je me sens bénie d’avoir autant de gens près de moi, autant de gentillesse et de bienveillance, et je ne pourrais pas exprimer clairement combien j’ai été heureuse d’être entourée de personnes si belles et douces.


Souvent j’ai des moments d’absence et je m’égare totalement. Souvent, j’ai des temps où je me sens profondément triste. Comme si quelque chose en moi voulait sortir, violemment, me suppliant. Je me sens tellement ridicule de ressentir ce que je ressens. D’estimer autant les gens, d’estimer autant les histoires. Et, lorsqu’un nom revient quand il ne faut pas, tout retombe comme une sorte de poids qu’on ne peut plus supporter. 


Je n’en peux plus d’entendre son nom, savoir qu’il va bien, savoir qu’il est en vie et qu’il ne se préoccupe pas de savoir comment moi je vais. Une seconde après, je ne veux plus du tout y penser. Mais parfois, je me demande comment il va. Parfois, seulement. Je suis loin de ressentir encore tout l’amour que je lui portais et tout l’estime que j’avais pour lui, pourtant, parfois, je pense à lui, et je me dis « est-ce qu’il lui arrive de penser à moi ? »

Je déteste rayer les gens de ma vie. Je n’ai jamais rayé personne. Et je me sens ridicule, avec ce sentiment que personne au monde ne peut me comprendre, car pour moi, même sans amour, même avec beaucoup de reproches, je n’oublie jamais les gens. Et pour moi, disparaître sans revenir, c’est effacer toute trace prouvant qu’un jour, une heure, un instant : Il y a eu quelque chose. Une étreinte. Un coeur qui bat.

Et puis je redeviens normale. Ces moments-là durent rarement plus d’une trentaine de minutes, parce que maintenant, tout cela est si insignifiant. Je me remets à avoir de l’estime et du respect pour moi-même. Peut-être que je « vaux » quelque chose, finalement. Peut-être que je « mérite » quelque chose. Peut-être qu’un jour, quelqu’un m’aimera réellement, d’un sentiment sûr et sincère. Oui, et puis sûrement que les choses devaient se passer ainsi. Je me sens tellement heureuse pour lui, et, désormais, tellement heureuse pour moi. Pourtant, quand j’y pense de temps en temps, quand je suis dans mon lit et que par mégarde mes pensées tendent à se tourner vers toi, je me sens réellement désolée d’avoir existé dans ta vie. J’aurais préféré ne rien vivre, ne rien vivre du tout, plutôt que ça. 


Je suis jeune et j’ai beaucoup de rêves. Parfois difficilement réalisables. Mais quand j’y pense, j’ai le sourire aux lèvres. Mais j’avoue que parfois, j’aimerais qu’on m’aime autant que moi j’aime les gens. Je suis jeune, très jeune, et je trouve encore mon refuge dans les bras des autres, j’aimerais qu’on m’aide à essuyer mes larmes sans jugement, sans rien dire, juste promettre que ça va aller, que ça va passer, comme on le ferait à un enfant qui pleurerait après être tombé de son vélo. Une étreinte chaude et sincère, oui voilà, plus tard plus tard les problèmes, demain, demain on sera grands. 

Parfois, c’est dur de remettre ses rêves au temps. Je suis forte, oui. Pas tout le temps. Est-ce que vous me comprenez ? Est-ce que c’est normal ? Je rêve trop, et mes rêves d’amour souvent se perdent. Je suis une fille tellement niaise, et j’aurais aimé qu’on m’aime. J’aurais aimé qu’on me trouve gentille, jolie, drôle, intelligente, sensée. Je rêve qu’on me considère, et qu’on me regarde comme quand je regarde le soleil se coucher. « J’aime ce que tu représentes. »

Mon amour pour l’être humain vient essentiellement du fait qu’au fil du temps, j’ai découvert des défauts, des choses qui nous échappaient totalement, dans des situations qui elles aussi nous échappaient totalement. On se découvre des failles. On en a peur. Ou on les appréhende. Et souvent, on avance. 

J’aime aussi tellement ce que je fais. J’adore le soir me retrouver avec une guitare et puis chanter, toute seule. Rêver qu’un jour, je monte mon propre groupe, avec des gens tous aussi passionnés que moi. J’adore prendre mon appareil photo et créer, voir défiler des couleurs, des émotions, des humeurs, des défauts, de la vie dans mon petit capteur. J’aime prendre ma tasse de thé et écrire des heures durant, le soir, et puis me dire que peut-être ça touchera quelqu’un, peut-être même que ça l’aidera un peu à se sentir mieux comme moi ça m’aide. 

Je veux voyager. Je veux partir. J’en ai besoin. Rencontrer de nouvelles personnes, voir de nouvelles choses. De nouveaux paysages, de nouveaux sentiments. Porter mes priorités sur autre chose, par exemple sur la peur d’être confrontée à des problèmes d’adultes. 

Tous ces rêves, toutes petites choses qui sont singulièrement insignifiantes mais qui ensemble forment un jardin d’espoir, me font vivre, me rendent simplement et entièrement heureuse. Je suis tellement reconnaissante de ce que les gens m’offrent. Leur temps, leur amour. Je suis tellement reconnaissante de la lumière du soleil qui se lève, qui parfume chaque espace de mon champ de vision, chaque fleur, chaque trottoir, chaque passant, chaque arbre aux feuilles arrachées, chaque plis de ma jupe qui effleure tendrement mes pieds, chacun des pores de ma peau, et mes yeux, mes yeux qui s’éveillent au monde et à sa beauté. 

L’amour est partout. Pas seulement dans une personne. Mais dans chaque petite chose qui composent ce monde. Encore faut-il ouvrir les yeux, et décider de se dire : « Tout ira mieux ». Oh, les larmes qui brûlaient jadis les joues et qui maintenant sèchent si rapidement, heureusement. 


Soyez l’amour. Vivez l’amour. Ressentez cela car c’est la chose la plus importante sur Terre. Et surtout, rêvez. N’arrêtez jamais de rêver. Efforcez-vous de placer un rêve dans chaque recoin de votre vie où il lui est possible de grandir. N’oubliez jamais que ce n’est fini que lorsqu’on abandonne. 



Voici quelques photos essentiellement de recettes que j’ai pu faire, est-ce que ça vous donne des idées pour Noël ? Si ça vous intéresse, je peux éventuellement fournir les recettes. Cheesecake, cupcakes, macarons, sablés aux épices… Un régal ! 


Soyez forts. Soyez forts. Vous n’êtes jamais seuls. Quelque part, quelqu’un vous aime. Peut-être même est-ce vous.